Melissa Rérat

A la croisée des regards

Programme vidéo

Filmer les mouvements d’un corps, saisir les subtilités d’une matière, rendre les sons d’un paysage, associer un commentaire à des moments de vie enregistrés, voilà ce que permet techniquement une caméra.

De quelles manières ces fonctionnalités sont-elles utilisées pour présenter un pays ou aller à la rencontre de cultures extraeuropéennes ? Afin de tenir quels discours ? Ce sont de telles interrogations qui ont guidé l’élaboration de ce programme structuré en deux temps : art contemporain, puis reportages des années 1950-1960. On y est invité à interroger le regard de la caméra qui n’est jamais neutre, à déceler les choix, les enjeux, les rapports de pouvoir et les stéréotypes qui l’orientent.

Les artistes Annelies Štrba et Janos Urban recourent à la vidéo pour regarder autrement. La première observe durant une trentaine de minutes un bassin peuplé de carpes koï (Koi, 1998). Quant à Urban, la caméra lui sert à capter les « territoires vécus » lors de ses voyages (Erlebte Erdteile, 1979). Sorte de carnet visuel, sa vidéo interroge les paysages méditerranéens et leurs habitants.

Zones géographiques et espaces culturels sont réunis au sein d’une même expérience. Dans un cadre rappelant le visionnement domestique, un zapping confronte, de Bali à la Californie, en passant par l’Oberland bernois, Hawaï et Zurich, diverses représentations de l’exotisme. Présenté en tant qu’avant-programme dans les cinémas de 1940 à 1975, le Ciné-Journal suisse témoigne notamment de la fascination helvétique pour les objets, les matériaux et les corps venant d’ailleurs tandis que d’autres séquences célèbrent le folklore national.

 

 

Photo : M. Krafft, vidéo d'Annelies Strba (Koi, 1998), collection du Fonds municipal d'art contemporain de la Ville de Genève (Fmac)